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Une soirée chez les sauvages

C'est vrai qu'il ne fait pas bon sortir le soir en banlieue ces jours-ci. L'insécurité et la provocation de bandes de voyous sont constamment là.
Pour preuve, notre soirée d'hier. Sortant d'une réunion de parents d'élèves d'une école du 93, nous nous arrêtons en bas d'un immeuble pour discuter avec les animateurs du centre de loisirs auxquels nous confions nos enfants.
Tout à coup les émeutiers arrivent, hilares, provocateurs n'attendant qu'un geste de notre part pour se jeter sur nous sans la moindre hésitation. L'un d'eux s'avance vers nous et nous lance : "c'est un contrôle d'identité, sortez vos cartes !"... Pas de cocktail Molotov en vue, juste une bombe lacrymogène TTA prête à nous arroser. Et oui, les voilà les émeutiers, ceux qui harcèlent les enfants lorsqu'ils jouent en bas de chez eux.
En fait, cette histoire n'est pas tout à fait vraie. Elle aurait pu l'être, nos enfants sont scolarisées dans ces banlieues et grandissent grâce à ces "sauvageons" qui se font haceler jour et nuit par des pompiers pyromanes "fermes mais courtois" (à moins que ce soi le contraire).
Leur mission ? On pourrait la résumer en trois points :
- protéger par leur présence ces gosses des provocations policières en se faisant contôler avec eux et en leur suggérant de ne pas répondre aux insultes racistes incessantes dont ils sont victimes et d'essayer de rester calme malgré le harcelement incroyable qu'ils subissent,
- se protéger des médias et de leurs mensonges constants et de leur exagération où l'on filme une poubelle parce que l'on a pas pu trouvé de voiture en feu,
- éteindre ... pas les voitures mais les rumeurs qui circulent trop vite et qui contribuent à faire monter la tension.
Ils étaient assez marrant ces gosses qui se sentaient obligés de donner d'eux l'image qui leur est assigné dans la représentation médiatique : "Allez, demain, je vous invite ici à un barbecue. Vous amenez la bouffe et moi je m'occupe du feu".
A part ça, le ton était nettement moins drôle quand ils nous ont demandé si nous nous faisions contrôler souvent. Nous ? Jamais. Eux ? Il suffisait de regarder l'état dans lequel était leur permis de conduire. Complétement déchirés à force de se faire contrôler. Moins drôle aussi leur surprise de ne pas avoir été fouillés et couchés à terre comme d'habitude. "Ils faudrait que vous veniez nous voir plus souvent", nous ont-ils dit !
Voilà l'image qu'il nous restera de ces nuits que certains appellent "insurection" : juste une vingtaine de cartes d'identités complétement déchirées à force d'être souillées par ceux-là mêmes qui mettent sciemmment le feu à la banlieue.
Que faire ? Etre là chaque soir avec les gosses pour les protéger. Pas seulement d'eux-mêmes et de leur colère qui nous est apparu comme tellement légitime à ce moment là, mais surtout les protéger de tous ceux qui veulent se servir d'eux pour justifier une politique intérieure coloniale de répression et de haine raciale.
Que faire ? Leur offrir des espaces d'expression et de doléances ou de "changement" comme ils le disent pour que chacun puisse savoir de quoi ils sont aujourd'hui les victimes.
Laurence Allard et Olivier Blondeau, sociologues désobéissants.

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