La République des Délateurs
Par root, lundi 17 juillet 2006 à 15:31 :: Dissidences Numériques 2005-2006 :: permalien #90
La dénonciation pourrait donc être positive si la fin est honorable ? Dès lors, c’est un véritable problème d’éthique qui se pose. Quels critères moraux retenir? Cela relève-t-il de la conscience individuelle ou de la collectivité ? Ne serait-ce pas alors la porte ouverte aux basses petites vengeances à coup de délation ? Est-ce que comme l’affirme le philosophe André Comte-Sponville «Ce n'est pas la dénonciation qui fait la délation, (mais) ce sont ses motivations» (haine, appât du gain, amour propre…) ? Les frontières ne sont pas toujours très claires. Par ailleurs, peut-on réellement inclure des pratiques dénonciatrices dans un système démocratique sans tomber dans un paradoxe?
Autant de questions qui nous ont poussé à nous interroger : si la France d’aujourd’hui chavire déjà dans des dérives délationnistes, peut-on imaginer pour demain une République de délateurs ?
Nous avons tenté l’expérience. Projetons-nous dans un avenir hypothétique où les nouvelles technologies seraient mises au service d’un Etat policier. Celui-ci, dans un désir de contrôle de la population, utiliserait Internet comme une banque de données à travers un site gouvernemental exclusivement dédié à la délation ; en admettant qu’elle soit ancrée dans les mœurs, et admise comme un devoir civique et moral. Ce site permettra à chaque citoyen de policer tout à chacun en le dénonçant. L’Etat se créerait ainsi une armée virtuelle de délateurs. De ce fait, la sphère privée tendrait à disparaître. Chaque faits et gestes seraient observés, épiés, répertoriés.
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